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Le 10 décembre, c’est la journée internationale des droits humains. Zwischengeschlecht.info a publié à cette occasion une analyse sur les droits humains des intersexes dans la politique suisse à l’exemple de la Commission des affaires juridiques du Conseil des États (CAJ-E), maintenant aussi disponible en français.
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Cette analyse met aussi en évidence les relations souvent problématiques entre les droits humains des intersexes et la “politique LGBT(I) réellement existant”, notamment en raison de l’instrumentalisation politique chronique et – ici de manière particulièrement frappante et choquante – du “pinkwashing” des mutilations génitales intersexes (MGI) :
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L’analyse se base d’une part sur les données de votepink.ch, plus précisément sur l’analyse législative des “votations LGBTQI” (en fait, aucune votation intersexe n’y figure) de Pink Cross, LOS et TGNS et sur le questionnaire électoral 2023 de Pink Cross (y compris une question – même si elle est formulée de manière vague – sur une interdiction des MGI). En outre, nous avons évalué les résultats du vote de la Commission des affaires juridiques du Conseil des États (CAJ-E) sur la seule votation intersexe à notre connaissance (motion 22.3355) au cours de la dernière législature, ainsi que, par contraste, les résultats du vote sur une “Interdiction des mesures de conversion” (22.3889) – tous deux unanimes selon le communiqué de presse officiel de la CAJ-E du 16.08.2023, mais pas avec le même résultat …
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1. À l’unanimité pour les mutilations génitales intersexes (MGI)
La première chose qui nous frappe, que l’on soit de gauche ou de droite, “LGBTI-friendly” ou non, homme ou femme, ville ou campagne, etc. – tou·te·s les conseillers·ères des États de la commission juridique étaient d’accord lors de la séance du 15.08.2023, sans exception et à l’unanimité : En Suisse, on doit pouvoir continuer à pratiquer des mutilations génitales sur les enfants intersexes en toute impunité – payées par “l’assurance invalidité (AI)”, et malgré des décennies de protestations de la part des personnes concernées, de critiques de la part de médecins critiques, de la Commission nationale d’éthique (CNE), et actuellement 8 réprimandes de l’ONU adressées à la Suisse par le Comité des droits de l’enfant (CRC) (2x), le Comité contre la torture (CAT) (2x), le Comité des droits de la femme (CEDAW) (2x), le Comité des droits de l’homme (CCPR) et le Comité des droits des personnes handicapées (CRPD), qui considèrent tous les MGI comme une violation grave des droits humains indérogeables et exigent leur interdiction.
En même temps, lors de la même séance du 15.08.2023, tou·te·s les conseillers·ères aux États de la CAJ-E, sans exception et à l’unanimité, étaient favorables à la poursuite d’une “interdiction des mesures de conversion” à l’encontre des personnes LGBT – et personne, ni dans la commission juridique, ni dans les médias publiques, n’a voulu remarquer cette contradiction flagrante …
Pire encore, la CAJ-E a adopté en même temps et à l’unanimité, lors de la même séance du 15.08.2023, sa propre motion 23.3967, extrêmement préjudiciable aux droits humains des intersexes, qui veut créer une base quasi-légale pour la poursuite des MGI et, selon le Conseil fédéral, explicitement abroger la prise de position révolutionnaire de la Commission nationale d’éthique (CNE) et – avec la complicité bienveillante des mutilateurs génitaux eux-mêmes et de leurs soutiens de longue date à “l’Académie suisse des sciences médicales (ASSM)” ! Bref, l’autorégulation par les coupables au lieu d’une interdiction des mutilations génitales – ce qui serait impensable ailleurs (dans les cas des enfants considérés comme “normaux”) est une fois de plus non seulement acceptable, mais “médicalement nécessaire” de toute urgence dans le cas des enfants intersexes considérés comme “anormaux”. Et là encore: Personne ne veut avoir remarqué quoi que ce soit …
2. Hypocrisie, “pinkwashing” – et silence assourdissant
En outre, il est frappant de constater, que tou·te·s les conseillers·ères aux États de la Commission des affaires juridiques ayant obtenu un score de 100 % au questionnaire électoral LGBTI, qui avaient tous déclaré être soi-disant en faveur de l’interdiction des opérations inutiles sur les enfants intersexes, ont en fait voté contre une interdiction, sans exception. En outre, il est remarquable de constater le silence assourdissant de toutes les organisations LGBT(I) face à cette hypocrisie scandaleuse.
Pire encore, deux conseillères aux États avec un score de 100 % au questionnaire électoral LGBTI qui se sont déclarées soi-disant en faveur d’une interdiction, sont listées comme les rapporteures principalement responsables de la contre-motion 23.3967 extrêmement préjudiciable de la CAJ-E.
D’une part, des politiciens qui se présentent publiquement comme “LGBTI-friendly” et se font donc élire ainsi, pour ensuite livrer des enfants intersexes sans défense à des mutilations génitales contraires aux droits humains, et d’autre part, des organisations LGBT(I) qui leur offrent une plateforme et se taisent ensuite : Là encore, il s’agit typiquement d’une invisibilisation et d’un “pinkwashing” typiques des mutilations génitales intersexes (MGI).
En outre, il est frappant de voir comment, dans le questionnaire électoral de Pink Cross, le point relatif à l’interdiction des MGI est formulé de manière vague : alors que, par exemple, en ce qui concerne “l’interdiction des mesures de conversion” ou “l’inscription neutre du sexe pour les personnes non binaires”, la revendication concrète figure dans le titre principal, en ce qui concerne les MGI, il s’agit simplement de “la protection des enfants intersexes” – ce n’est qu’en cliquant sur le titre principal pour le déplier que l’on apprend qu’il s’agit concrètement d’interdire les opérations médicalement non nécessaires sur les enfants intersexes :
Questionnaire électoral Pink Cross 2023
(Cliquer pour agrandir)
Nous saluons le fait que Pink Cross demande la position des politiciens sur l’interdiction des MGI. Mais nous nous demandons pourquoi, en ce qui concerne les MGI, au lieu d’apporter un texte clair dès le titre principal, on a préféré formuler autour de manière floue ? Manifestement, les conseillers·ères aux États de la commission juridique qui ont rempli le questionnaire et répondu “oui” à la question de l’interdiction des MGI l’ont tous pris comme une carte blanche pour pouvoir voter “non” en toute impunité et sans aucune conséquence … Tant que Pink Cross et d’autres associations LGBT(I) impliquées laisseront passer tout cela sans protester, voire même en l’approuvant tacitement, ils rendront finalement un mauvais service à la cause urgente et justifiée des “droits humains aussi pour les hermaphrodites !” Nous en appelons à la solidarité de toutes les parties intéressées pour qu’elles prennent clairement position et fassent mieux à l’avenir !
2023 : Année de la honte pour les droits humains des intersexes en Suisse !
Malheureusement, ce résultat choquant mais sans surprise du vote de la Commission juridique du Conseil des États n’est pas un cas isolé, mais plutôt un autre exemple du “backlash” massive actuelle contre les droits humains des intersexes, menée entre autres par les autorités locales de mutilateurs génitaux intersexes avec un gros budget. Cela fait suite, entre autres, à deux émissions de la SRF qui présentent unilatéralement la position de parti des médecins pratiquant les MGI, à une déclaration complementaire, très révélatrice, de l’organe de médiation de la SRF, à la création d’une association médicale prétendument “neutre” et “transdisciplinaire” à l’exclusion des organisations intersexes, et au demi-tour à 180° de la Commission nationale d’éthique (NEK-CNE) lors, entre autres, des auditions devant la CAJ-E. C’est une raison pour nous de proclamer 2023 “Année de la honte pour les droits humains des intersexes en Suisse”… comme un appel à tout·e·x·s de bonne volonté pour veiller à une résistance nettement plus forte au “backlash médical” et aux mutilations génitales intersexes en 2024 !
(Nous tenons à remercier Ephraim et Manasseh Seidenberg de prepuce.ch de nous avoir orienté vers votepink.ch.)
>>> StopIGM.org > Pages françaises
• L’ONU condamne les mutilations génitales sur les bébés intersexes (MGI)
• Le Parlament Européen condamne les Mutilations Génitales Intersexes (MGI)
• MGI en Suisse : “Traitement du passé” par la destruction des dossiers
• Mutilations Intersexes : « Seule la peur du juge va bouger les choses »